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Nous avions un délicieux petit rituel qui rendait les rendez-vous à l’hôpital plus acceptables presque comme une sortie à la fête foraine. Je prenais toujours le rendez-vous à la 1ère heure, à 8h30, à l’Hôpital Debrousse, une institution (voir l’historique).

On se levait très tôt, on évitait les bouchons de la ville, le jour se levait sur notre trajet. Sur le parking du vieil hôpital, toutes les places à l’ombre proche de l’entrée nous attendaient. Il était à peine 8h. L’hôpital était encore endormi, le hall n’avait pas levé ses grilles du pôle d’accueil, on tirait le 1er numéro d’attente ! Comme quand on part en vacances ou en week-end à la campagne, on avait tout préparé la veille, les papiers et surtout le précieux jeu de cartes du UNO. Dans ce grand hall, d’un bâtiment ancien, en sommeil, calme, immobile, nous prenions le petit-déjeuner sur les sièges qui attendent que les malades s’assoient pour s’enregistrer. Seuls, tous les deux, mon tintin et moi, on aurait pu être sur une serviette de bain à la plage, bien installés avec le petit café et des friandises du distributeur à pièces. On jouait pour de vrai, en osmose jusqu’à la levée de la grille. Etiquettes, ascenseur, 2eme étage, la porte à droite.

Le retour était plus difficile à digérer

Avec mon café à la main, mon p’tit Lou, on s’installait dans notre salle d’attente, le service pédiatrique était notre univers familier. La partie de UNO reprenait. « Bonjour Félix, ça va ce matin, tu joues aux cartes et maman elle veut un café ? » Quel plaisir d’être reçu par cette infirmière, ou aide-soignante plutôt, elle n’avait pas beaucoup de cheveux, un peu rondouillette, toujours souriante, elle aimait bien parler avec nous. C’était souvent elle qui nous accueillait avec le privilège des premiers arrivés.

Sans rituel, le retour était plus difficile à digérer. Trois jours en général m’étaient nécessaires pour me remettre du rendez-vous. Le plus dur était de voir les autres enfants épileptiques en fauteuil roulant, avec un serre-tête, un corset, des mamans inquiètes… J’avais des flashs la nuit, j’avais ressenti leur peine.

Un jour que notre rendez-vous était en milieu de matinée, le médecin avait 1 heure de retard, chose très rare. « Suis désolée Madame Charvin, j’avais une maman qui s’est effondrée dans mon bureau à l’annonce du diagnostic, il a fallu lui expliquer et lui réexpliquer la maladie. »

Oui, moi aussi je suis désolée pour elle, j’imagine bien quand elle va rentrer chez elle.


* Hôpital Debrousse : Une vue imprenable sur Lyon et des façades superbes, l’ancien hôpital a été reconverti en 68 logements destinés à une location haut de gamme. Les premiers appartements ont été livrés fin décembre 2016, début 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4pital_Debrousse

L’Hôpital Debrousse ou hospice Debrousse est un ancien hôpital spécialisé dans la pédiatrie situé dans le 5e arrondissement de Lyon. Son activité hospitalière s’est terminée en 2007 pour regrouper les activités pédiatriques de l’agglomération lyonnaise dans l’Hôpital Femme-Mère-Enfant.

Sa construction est décidée en 1904 par Marie-Félicie Dessans, veuve Debrousse, pour constituer un établissement pour les personnes âgées sur un terrain de 3,5 hectares. L’hôpital, conçu par Georges Blachier, un architecte lyonnais, est terminé entre 1907 et 1909, avant d’être cédé à l’Assistance Publique de Paris, qui délègue la gestion de l’établissement aux hospices civils de Lyon. L’hôpital accueille environ 200 patients à partir de 1909. L’inauguration de l’établissement a lieu le 5 juillet 1911, avant que le terrain soit agrandi par une acquisition en 1912.

À partir de 1920, l’hôpital accueille des activités pédiatriques, en provenant de l’hôpital de la Charité, en remplacement de son activité gériatrique. Ce changement d’activité induit entre 1921 et 1926 des travaux pour adapter les bâtiments à celle-ci. Cela permet d’accueillir 120 lits pour enfants vers 1920, puis 270 lits en 1924, avant d’atteindre pleinement sa capacité en 1926 avec 305 lits, après le transfert d’une nourricerie.

A partir des années 1960, les hospices civils construisent un bâtiment spécialement pour les prématurés. Peu de temps après, entre les années 60 et 70, un autre pavillon est construit pour les soins pédiatriques, en plus d’une résidence pour le sous-directeur, d’une salle d’opération chirurgicale et de l’extension du bâtiment de l’internat.

En 2010, Vinci acquiert l’établissement et ses terrains, soit 26 000 m² de SHON, à Assistance Publique de Paris. Suite à cette acquisition, 38 logements sociaux sont construits puis 117 sont construits dispersés en 5 immeubles. Les bâtiments historiques sont réhabilités par l’entreprise immobilière 6e sens pour constituer 68 appartements dont 15 sociaux.